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Mélanie Gillard

Mélanie Gillard

Elle est la fille de Catherine et Alain Gillard qui sont bien connus des Verdunois comme membres très actifs de l’association Demain La Vie.

Après avoir travaillé à l’INSERM, l’INRA, ou encore l’Institut Curie, Mélanie travaille aujourd’hui à l’Institut Européen de Chimie et Biologie comme ingénieure en biotechnologies.
Son parcours l’a amené à vivre à Paris, Toulouse, Limoges et actuellement à Pessac. Toutefois, elle garde un lien toujours unique avec Verdun-sur-Garonne. Pour preuve, ces textes écrits à Reims en 2009 alors qu’elle avait 29 ans et où elle faisait partie d’un groupe d’écriture de slam*. Elle les partage avec les Verdunois dans ce magazine, avec l’espoir de faire remonter en chacun de beaux souvenirs.

Pendant ses années parisiennes elle a étudié les mécanismes innés de défense contre les cancers notamment du poumon.

Maintenant elle étudie les mécanismes de résistance aux antibiotiques développées par les bactéries afin de développer de nouveaux moyens de lutter contre les infections bactériennes.

*Slam : Poésie orale, urbaine, déclamée dans des espaces de nature diverse. C’est également un événement, une tribune d’expression où les personnes sur scène disent leur poésie dans la forme qu’elles désirent.

 

Voici deux de ses textes concernant Verdun-sur-Garonne

Le premier évoque le commerce de Mme Kerleu. Elle tenait un "bazar" sur la Place de l'Eperon où actuellement il y a le bureau de tabac. Le second relate le village et les souvenirs liés.

 

Criminel

Arôme artificiel…
Pour voyage spatio-temporel.
Odeur réveillant mon addiction
Diminuée au fil des années, des saisons.
Me voilà plantée dans un magasin de bonbons.
Pas n’importe lequel, non !

Celui tenu par Madame Kerleu, dame oubliée
Cantonnée au passé,
Ce soir, revient à ma mémoire,
Celle qui était et sera le héros de mon histoire.
Je lui en ai laissé des francs,
Qu’au retour de l’école me donnait maman…

Je poussais la porte de cette caverne, ce sanctuaire aux multiples décors
Qui regorgeait de bien des trésors.
A droite, derrière Kerleu, trônaient les paquets de cigarettes,
A cette époque, gitanes bleues et gauloises étaient les vedettes !
A côté, piles de cahiers,
Crayons et autres papeteries colorées…

En face, drôle de tableau :
Pour la pêche, les appâts,
Lombrics, asticots
Et tout le tralala !
Hameçons et bobines de crin
Faisaient la fortune de ce magasin…

Mais revenons à nos moutons,
Les précieux et délicieux bonbons !
Ils étaient mon centre d’intérêt
Le fruit de mon plus beau pêché.
Et pas des moindre car c’est bien eux qui dans la pièce embaumaient
Et ainsi, ma mémoire en a été imprégnée.

Odeurs de bonbons mélangées
A celle du bois qui décorait.
Voilà que je n’ai pas trente ans,
j’ai l’impression pourtant
De parler de bonbons d’antan, d’un autre temps !
Etagères mélaminées colorées
Où toutes les petites mains pouvaient accéder.

A droite, les colliers composés
De petites perles colorées trouées,
Roses, jaunes, blanches, bleues que je croquais à pleine dent
Et qui craquaient sous la dent, tout cela pour même pas 1 franc !
Juste à côté les soucoupes contenant cette poudre acidulée
Qui pouvait même piquer le nez…

Etalage de bouteilles de coca
De bananes, de fraises Tagada,
De bouteilles d’orangina !
Là pas de mangas à manger,
Mais des Schtroumpfs gélifiés
Et des nounours à la guimauve chocolatés…

Il y avait les sucettes plongées dans la poudre
Qui une fois dans la bouche éclatait, ça crépitait !
Et enfin…Là…Ces bonbons, ceux de Renaud, les roudoudous
Qui, à défaut de nous niquer les dents,
Nous laissaient comme on dit chez nous,
Avec les lèvres qui pèguent.

Pour apporter une note critique
Qui plus est, économique, à cette évasion nostalgique
Notez qu’avec 5 francs convertis à moins d’un euro,
Soixante-quinze centimes exactement,
On sortait de chez Kerleu avec une poche gonflée de bonbecs délicieux !
Ce qui aujourd’hui tiendrait du merveilleux !

Ah…Merci Gipsy pour cet arôme artificiel,
Et le cadeau de ce voyage spatio-temporel.
Un instant,
Je suis redevenue une enfant.
Cette enfant qui poussait la porte de chez Kerleu
Et sentait à plein nez ce parfum délicieux.

Retour au présent, je retourne le contenant,
Surprise en découvrant, le nom du gentil criminel,
Celui qui m’a aidé, un instant, à échapper au manque d'inspiration
Pour me baigner dans les bonbons…
Cassis…m’aurait envoyé dans le jardin de ma première maison
Si dès le départ j’avais su son nom…

Et puis…non ! J’étais bien au pays des bonbons !

 

Verdun-sur-Garonne

 

Il est des endroits où l’on aime s’évader
Ne serait-ce que par la pensée
Mon esprit s’y évade, s’y installe
Pour une escapade mentale…

C’est un lieu où un fleuve résonne
Une grande dame appelée Garonne
Là ce n’est pas la mer qui fait rouler ses galets
Mais bien cette eau vive née des Pyrénées

Les berges sont peuplées de peupliers
Où nombre d’amoureux se sont cachés
Plus loin, s’érigent des platanes centenaires
Qui ont vu naître mon grand-père.

Ils projettent des ombres sur les allées
Où on joue à la pétanque toute l’année
De là, on peut apercevoir les remparts
D’une ville chargée d’histoire…

Passer sous le pont du Miègeville,
Conduisant au cœur de la vieille ville
Au coeur de cette bastide fortifiée
Construite il y a tant d’années

La place du village est animée
Impossible de la traverser
Sans y être salué ou hélé
Par les gars assis à la terrasse du café.

Il est des endroits où l’on aime s’évader
Ne serait-ce que par la pensée
Mon esprit s’y évade, s’y installe
Pour une escapade sociale…

Les jeunes ont leur lieu de réunion
Variant au gré des saisons
Des longues soirées d’hiver au bar de l’éperon
Aux beaux jours à squatter le gazon.

Souvenirs de ces soirs d’été
A jouer au rugby jusqu’à la nuit tombée
Sous les arroseurs du stade s’amuser à se jeter
Et rêver sous un ciel étoilé

Le temps semblait s’arrêter
Dans cette chaleur nocturne
Nous donnant l’impression d’avoir le droit
De faire n’importe quoi…

A la tombée du jour
Pendant les beaux jours
Les vieux sortent sur le trottoir
Pour refaire l’histoire…

Installés dans leur chaise de jardin
Ils racontent toute sorte de potins
En passant par la fameuse rubrique
Je parle de la minute nécrologique

Tous tes faits et gestes y sont répétés
Puis déformés et amplifiés
Au plus grand bonheur des commères
Qui ne t’épargneront guère…

Il est des endroits où l’on aime s’évader
Ne serait-ce que par la pensée
Mon esprit s’y évade, s’y installe
Pour une escapade verbale…

Si tu aimes le ballon rond dans cette région
Tu passeras alors pour un couillon
Car dans ce coin je te le dis
On ne jure que par l’ovalie.

Ici, les phrases sont chantées
Toutes les lettres prononcées
Les « Putain(g) boudu con(g) »
Font office de ponctuation !

Les vieux tcharrent en occitan
Cette belle langue d’antan
On connaît tous « Se Canto Que Canto »
Et l’expression « Qu’es aquo ? »

Si tu fais tout « a bisto de nas »
Alors tu sais que tu mascagneras !
Et si t’es complètement bourré
C’est parc’ que t’auras trop tchuqué !

Le matin chez le boulanger
C’est une chocolatine que tu iras acheter
Et au supermarché
Une poche à la caissière tu devras demander…

Il est des endroits où l’on aime s’évader
Ne serait-ce que par la pensée
Mon esprit s’y évade, s’y installe
Pour une escapade sentimentale…

Même si ce n’est pas là que je suis née
C’est là que mes racines ont poussé
Que mon caractère s’est forgé
Et que mon cœur est resté

Pourtant si on me l’offrait
Jamais je ne voudrais pour y vivre y retourner
Car malheureusement plus rien n’y serait comme avant
Comme dans mes souvenirs d’enfant