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Anne Irons

Anne Irons,une battante

 

Madame Irons était une femme fort discrète, et certainement peu de Verdunois connaissaient son parcours, doublement remarquable. Elle n’avait pas souhaité que l’on fasse son portrait lors de Jeux Olympiques Britanniques de 2012. Pourtant une page Wikipédia lui est dédiée, de nombreux articles sont parus relatant ses prouesses, et The Telegraph et The Times, parmi les plus connus, lui ont rendu hommage suite à son décès le 7 Octobre 2016.

 

Voici l’histoire d’une jeune femme asthmatique devenue sprinter Olympique avant de gagner de nombreux admirateurs comme chanteuse d’opéra à Covent Garden*.

Anne Pashley de son nom de jeune fille est née le 5 Juin 1935 à Skegness en Angleterre.

Sa capacité à courir n’aurait peut-être jamais été découverte, si sa famille n’avait pas déménagé à cause de son asthme, de Stroud (où le sport ne faisait pas partie du programme scolaire) pour une ville côtière. Au lycée de Great Yarmouth, son potentiel sportif est devenu évident quand elle a couru les 150 mètres lors d’une journée sportive interscolaire. Elle est recrutée par le club d’athlétisme, et en 1953, Anne participe aux championnats d’Athlétisme Amateur d’Angleterre de White City. Elle y égale le record féminin britannique de 100 yards avec 10,8 secondes.

Sa première médaille à l’étranger a été le bronze aux 100m des Championnats d’Europe 1954 à Berne en Suisse au 100 mètres individuel féminin.

Elle représente son pays aux Jeux Olympiques

Anne est allée en Australie pour disputer les Jeux olympiques de Melbourne en novembre 1956 à l’âge de 21 ans. L’équipe d’athlétisme britannique ne comptait que 11 femmes pour participer aux neuf épreuves proposées aux Jeux cette année-là. C’était, il faut noter, une période de l’année où les athlètes de l’hémisphère nord ne s’entraînaient généralement pas.

Elle y a remporté la médaille d’argent avec son équipe dans le relais 4x100m, poussant les coureurs des États-Unis à la la troisième position.

Anne s’est retirée de la compétition sportive peu après les Jeux olympiques de Melbourne.

 

Une chanteuse d’opéra accomplie, une star de l’Opéra Royal britannique

Au lieu de continuer dans le sport, Anne s’inscrit à la Guildhall School of Music & Drama et s’engage dans le chant professionnel.

Elle commence un nouveau chapitre de sa vie, en déménageant à Londres pour étudier à la Guildhall School of Music où elle rencontra son mari, le ténor Jack Irons. Ils se sont mariés en 1959 et deux ans plus tard, ils ont donné un récital commun au Wigmore Hall.

Elle est devenue une chanteuse d’opéra renommée, se produisant en tant que soprano dans toute l’Europe gagnant beaucoup d’admirateurs.

Elle est apparue à Glyndebourne et à Covent Garden, a participé à plusieurs opéras télévisés et a joué un rôle dans deux importantes premières britanniques, notamment The Peasant Rogue de Dvorák en 1963 et Hindemith’s Cardillac avec la New Opera Company à Sadler’s Wells en 1970.

 

Une britannique qui a voyagé partout dans le monde

Elle a joué dans de nombreux opéras, à la Scala de Milan, en France, en Corée, à Hong Kong avec un rôle principal dans Carmina Burana.

Elle apparaît notamment dans un enregistrement de Berlioz dans La mort de Cléopâtre en solo accompagnée par the Royal Philharmonic Orchestra et avec le chef d’orchestre Colin Davis, et a chanté dans Carmen avec Placido Domingo.

Elle a passé près de 30 ans à chanter à l’opéra et à la télévision.

À la fin des années 1980, le couple s’installa dans une petite ville près de Gaillac.

En 2006, le conseil de Great Yarmouth l’a invitée à revenir pour marquer le 50e anniversaire de sa médaille à Melbourne.

 

Cleo Waddington, sa fille, nous fait l’amabilité de partager ses souvenirs :

Le chant pour ma mère, c’était du travail et elle ne chantait jamais à la maison pour le plaisir.

Nous avons vécus à l’Ouest de Londres, d’abord sur une péniche sur le Thames. Mais pas pour longtemps parce que les rats montaient dans mon berceau. Le logis suivant fut une grande maison en ruine que mes parents rénovèrent eux-mêmes. Ils n’avaient pas le sous et ils s’étaient enfuis pour se marier !

Pour gagner de l’argent entre les représentations, ils louèrent une chambre aux étudiants et à un artiste. Quand ma mère est devenue célèbre, mon père s’est occupé de moi et de mon frère lorsqu’il ne chantait pas.

Elle a pris un peu de repos pendant les années 80 et nous avons déménagé à Kent. Elle était entrepreneur et très vite on vendait des œufs, notre miel et on avait une petite ferme avec des moutons et des chevaux. Comme une jeune fille, elle faisait du saut d’obstacle.

Ma mère était quelqu’un qui voulait tout faire et surtout réussir !

Ils sont venus en France a la fin des années 80 pour la qualité de la vie.

En 2002, quand mon père était malade, ils sont venus à Verdun/G.

Elle adorait la tranquillité de son jardin et le marché où elle achetait son lasagne et le gâteau chocolat de la même dame qui est toujours là. Elle aimait parler avec les gens et promenait son chien au bord de la Garonne.

Mon père est décédé en 2005 et elle était soulagée par la présence de ses petits-enfants Kathy et Michael.

Elle était présente pour chaque spectacle à l’école primaire et à la MJC de Verdun/G, le carnaval, les matchs de rugby…Ma mère est décédée le 7 octobre 2016 à l’âge de 81 ans après sa la lutte contre le cancer des os. Ses années de sport avec les chaussures dures à crampons lui ont donné mal au dos toute sa vie, mais elle a profité de chaque moment et de chaque expérience.

Peu de gens trouvent la renommée internationale dans un domaine, et encore moins dans deux, ce parcours exceptionnel devait être partagé.

 

* Covent Garden désigne la Royal Opera House situé dans le quartier éponyme. Le bâtiment sert de résidence au Royal Opera, au Royal Ballet et à l’orchestre du Royal Opera House.

La course de 1956 en vidéo : https://youtu.be/eMVOFEZpc7o
Un extrait musical : https://bit.ly/2OnJY5g